Le Voyage
le voyage est découverte, mystère et incertitude ... l’objectif : les surprises en cours de route ...toujours présentes les images, étonnantes ... les lieux, merveilleux ... les instants sont enregistrés numériquement, scientifiquement ... sans me presser, je parcours et j’observe ... je parcours avec soin ... et j’examine ... la qualité de la lumière ... qui me suit, toujours, en changeant le paysage ... de l’aube au crépuscule ... soleil ... bas puis haut ... caché, filtré ... plein et puissant ... incontesté, perçant et coupant, doux, velouté, ouaté et laiteux ... blanc, jaune, orange, rouge, violet, bleu ... noir ... tiède ou chaud, le soleil peut rendre le voyage agréable ou insupportable ... le soleil caresse ou griffe, réchauffe ou brûle ... un soleil qui joue souvent, dans ces latitudes, avec les nuages ... sur les hauteurs, les nuages, à certaines heures de la journée, se baissent, ils s’approchent et nous plongent dans un paysage blanc, laiteux et lumineux ... relaxant qui ressemble au paradis ... quand ils rentrent dans la maison, par la fenêtre à l’étage, ils sont calmes et discrets ... d’autres fois, ils approchent l’horizon comme déployés ... noirs, compacts et bas dans le ciel comme un bataillon ... menaçants ... assombrissant tout presque à faire nuit ... maintenant au-dessus, une bande ou une trouée de clarté ... un bleu d’espoir ... et puis il y a des nuages dont les couches se superposent ... plus ou moins foncées ... qui glissent l’une sur l’autre ... legères et transparentes ... lourdes de plomb ... se montrant, se cachant, changeant de forme et de couleur, densité et raréfaction ... on les voit si doux à certains moments, si blancs, si purs, qu’ils vous donnent l’envie d’y plonger ... aussi puissants, divers et pétillants, qu’à les regarder on reste enchanté ... et on s’y perd ... à rêver de pays lointains et d’animaux imaginaires ... une scène de théâtre ... le plus beau théâtre du monde ... pour nous seuls, en première rangée ... spectacle unique d’amoureux ... échange de caresses et de tendres baisers ... doux à s’effleurer ... passionnés à frémir et trépider ... masses opaques et voiles imperceptibles ... barbes à papa effilochées et retissées ... en fils qui se dispersent dans toutes les directions ... comme si elles étaient pourchassées ... poursuites des moments parfois, mais plus souvent des jours, des semaines et des mois ... le soleil et les nuages amoureux, depuis toujours ... et le vent ... puissant ... terres et cieux des cyclones ... nuages venteux et vents nuageux ... importants, craints et respectés ... cyclones qui viennent avec des noms ... rapides ... attendus ... destructeurs, fléaus des dieux ... haïti, les quatre éléments à l’état pur ... haïti, l’incarnation et la matérialisation de l’extrême ... terre qui ne connaît pas l’indifférence, inconnue aux indifférents ... amour extrême, aveugle à faire mal ... île où l’eau, la terre et le ciel cachent des secrets ... histoires, contes et légendes ... de mystères mystérieux ... où le ciel bleu et la mer turquoise sont le chant des sirènes ... litanies insidieuses pour nous adoucir ... moi, voyageur ... pèlerin à la recherche ...de dieu ... a la recherche du côté caché ... de la vallée oubliée par le temps ... en essayant de capturer ... dans les vacillements du vent ... entre les collines et les nuages bas ... l’esprit de mackandal ... le prince guerrier ... héros de courage ... vent lui-même ... aussi puissant que doux ... murmure de vie et de mort ... insaisissable ... tout en marchant on se souvient qu’il fut un temps où étaient les tainos ... et il est difficile de ne pas penser que c’était probablement complètement différent ... plus luxuriant et avec une végétation différente ... on pense également aux pas des colons, et à ceux des esclaves ... et nous nous voyons fouler le même sol et en regardant le même ciel ... des temps durs, violents, d’exploitation ... les histoires sur l’or, le pétrole, l’uranium ... les zombis et le trafic de drogue ... prostitution, promiscuité et syndromes déficients ... présidents meurtriers et machettes sanglantes ... combien de légendes et combien de tumeurs malignes ... pauvre innocente île ... se pa fòt li.